Savons-nous encore pratiquer l'amour ?
Je me suis rappelée ce week-end que l'un des rares espaces que nous avions pour réfléchir à ce qu'est véritablement l'amour, c'est l'Église.
Hello les amis.
C’est la rentrée, et chacun réaménage sa routine pour bricoler une existence épanouissante dans ce bas monde marqué par la violence et l’exploitation de l’homme par l’homme. Pour moi, qui suis émerveillée par les concepts philosophiques et les questions existentielles, cela passe par un marathon de lecture.
Je n’ai pas passé le premier dimanche de septembre à l’église, mais avachie sur un fauteuil à relire Normal People de Sally Rooney. C’est une histoire d’amour tortueuse entre deux personnes torturées. Je n’ai pas pu lâcher le bouquin une seule fois, je me suis gavée de ses 266 pages en une journée.
Est-ce que vous vous êtes déjà rendu compte que le moteur de notre culture, c’est la quête de l’amour ? C’est le thème de tout ce que l’on peut lire, écrire, regarder, écouter, composer. Pourtant, nous avons créé si peu d’espaces et d’opportunités pour comprendre et discuter du véritable sens de l’amour.
Dans A Natural History of Love, l’autrice Diane Ackerman explore la biologie, l’histoire et la psychologie de l’amour, et note avec justesse ceci :
« En tant que société, nous sommes embarrassés par l'amour. Nous le traitons comme s'il s'agissait d'une obscénité. Nous l'admettons à contrecœur. Même prononcer le mot nous fait hésiter et rougir... L'amour est la chose la plus importante dans nos vies, une passion pour laquelle nous serions prêts à nous battre ou à mourir, et pourtant nous hésitons à nous attarder sur ses noms. Sans un vocabulaire nuancé, nous ne pouvons même pas en parler ou y penser directement. »
Apprendre le langage de l’amour à l’Église
L’Église est un espace où l’on discute de ces choses-là en long, en large et en travers. La communauté nous offre même un terrain de jeu pour pratiquer et éprouver (souvent à la dure) ce que l’on apprend. Au contact des autres, nos conclusions s’affinent ou prennent plus de substance.
Disclaimer : si vous suivez mon blog depuis quelque temps, vous savez aussi que l’Église peut également se tromper sur beaucoup de choses concernant la pratique et l’enseignement de l’amour. On peut vivre une sacrée crise de foi lorsqu’on confronte les théories bibliques sur l’amour à la réalité du quotidien. Toutefois, cet espace existe bel et bien.
Bell hooks le formule ainsi : « on nous apprend partout que l’amour est important, pourtant nous sommes bombardés par ses échecs (…) on a très peu de signes que l’amour informe des décisions, renforce notre compréhension de la communauté, ou maintient notre unité. » Dans nos parcours de foi, il faut pourtant accumuler la sagesse de l’amour pour pouvoir être touché par sa grâce.
Là où je veux en venir : peut-être que vous prenez vos marques dans une nouvelle église, une nouvelle communauté, en cette rentrée. C’est une merveilleuse opportunité d’en apprendre davantage sur l’amour. Rappelons-nous toutefois que notre confusion ou notre méprise quant au sens de ce mot façonnent nos déboires et nos difficultés.
J’adhère pleinement à cette définition de l’amour par le sociologue allemand Erich Fromm : « la volonté de nourrir sa propre croissance spirituelle et celle de quelqu’un d’autre ». Lorsque l’on comprend cela, on réalise également que l’amour et l’abus ne peuvent pas coexister. On ne peut pas prétendre aimer tout en adoptant des comportements toxiques et abusifs.
Excelsior,
Tiavina