L'église Hillsong France ment-elle sur sa gouvernance ? (par omission)
Vous étiez nombreux à me demander plus de détails sur la soirée “Cœur & Âme” de juin 2023 sur la gouvernance de Hillsong France. I obliged.
Image : Les membres du Conseil d’Administration de Hillsong France intervenant à la soirée Cœur & Âme
Hillsong France a pris conscience que sa congrégation avait besoin d’être rassurée. Difficile de nier qu’il se passe quelque chose lorsque les “figures historiques” de l’organisation décident de partir par dizaines au même moment. Face à la baisse des dîmes et offrandes en 2022 et 2023, le Conseil d’Administration a été sollicité pour s’exprimer face à l’assemblée, à l’occasion d’une soirée qui rassemblait les membres les plus investis de l’église. Une prise de parole qui a laissé beaucoup de monde dubitatifs.
Au sommaire de cet article long, complexe, mais important pour comprendre la spécificité de la gouvernance de Hillsong France :
Peur & Âme
Gabriel Gimenez laisse penser que la gouvernance est transparente
Les conflits d’intérêt peuvent apparaître à tous les niveaux
Qui protège le staff en cas d’abus dans l’exercice de sa mission ?
Les membres de l’association cultuelle ne sont pas ceux que vous croyez
La structure de l’association Hillsong France appliquée à Hillsong Wakanda
Le Conseil d’Administration est en fait impuissant
Il ne faut pas seulement blâmer Killmonger pour les péchés d’Hillsong Wakanda
Qui pourra sauver la congrégation d’Hillsong France ?
“Rends l’argent !”
C’est parti !
L’organisation Hillsong France arrive-t-elle à maturité ? Ou est-elle coincée dans son “âge bête” ? Pardonnez-moi cette formulation qui pourrait choquer les plus coincés d’entre nous, mais je viens de réaliser que Hillsong France avait maintenant 18 ans, l’âge de la majorité. Lorsque nous avions produit la vidéo “Une chose nouvelle” à l’occasion des 15 ans, j’étais persuadée que j’allais rester à l’église Hillsong 15 ans de plus. En tournage, aux aurores, dans la forêt de Fontainebleau avec mes meilleurs amis, j’étais si optimiste pour la vie de notre église. C’est cet espoir et la reconnaissance pour les années passées ensemble qui transparaît dans la vidéo.
Trêve de nostalgie. Après 18 ans, certains d’entre vous ne comprennent pas comment fonctionne l’organisation. Aujourd’hui, je vais me contenter de reporter sur ce qu’avance le Conseil d’Administration d’Hillsong France… qui, accessoirement, n’a toujours pas répondu à ma lettre ouverte.
Peur & Âme
Après les révélations de Zachée sur les finances de l’organisation Hillsong France, plus de témoignages me sont parvenus à propos de la soirée Cœur & Âme, au cours de laquelle le Conseil d’Administration de Hillsong France a souhaité donner quelques explications sur la gouvernance de l’église. Je me suis même procurée un enregistrement de la soirée pour écouter, moi-même, ce qui a été dit et vérifier la véracité de ces témoignages.
Le déroulement de la soirée ne s’est pas passé comme prévu. Le Conseil d’Administration n’aurait pas été briefé correctement sur l’objet de leur prise de parole par le pasteur principal, Brendan White. L’équipe pastorale s’était entendue pour apporter plus de transparence dans une saison où les dons baissent en raison du manque de confiance de la congrégation. Au-delà des frasques de Hillsong Sydney, le fait de ne pas adresser les raisons des nombreux départs de pasteurs et leaders clés de l’organisation en 2022 a sans doute cristallisé quelques inquiétudes.
Gabriel Gimenez laisse penser que la gouvernance est transparente
Les révélations sur la gouvernance de Hillsong Australia en 2020, et la débâcle des campus américains qui a suivi, ont mis à nue les limites de la concentration du pouvoir entre les mains des pasteurs de campus ; forçant la Maison-mère à réformer sa gouvernance avec la mise en place d’un Conseil d’Administration indépendant des pasteurs de campus, pour servir de contre-pouvoir. En France, où la décapitation de Louis XVI, en 1793, parachève le rejet de la monarchie absolue, la structure de gouvernance d’une association cultuelle est désormais soumise à la loi séparatisme, ou loi “confortant le respect des principes de la République”, entrée en vigueur en 2022.
Gabriel Gimenez, membre du Conseil d’Administration, a décrit brièvement pendant la soirée Cœur & Âme la gouvernance de l’église. « Dans notre église, on vote avec nos pieds, c’est-à-dire, avec notre présence », explique-t-il. Il entend donc que le fait de recenser l’implication des membres de l’église dans les événements de la vie de l’église vaut pour approbation de la gouvernance de l’église. Dans ce cas, que penser des voix de ceux qui, par centaines, ont tourné les talons depuis la reprise des cultes en présentiel ? Que penser des départs du staff et du Conseil d’Administration en 2022 ? Cela ne pèse-t-il pas dans la balance des voix en désaccord avec la gouvernance actuelle de Hillsong France ?
Plaisantant sur le fait que la France est un pays où « la paperasse » est importante, Gabriel Gimenez, également pasteur du campus de Massy, souligne le caractère essentiel d’une structure légale pour toutes les activités de l’église, y compris les concerts de YouthFR !
Il nous rappelle donc ceci : trois structures portent toutes les activités de l’église. Je vous ai fait des schémas pour que ce soit plus clair et pour qu’aucune info ne soit perdue.
Schéma n°1 :
Nous avons donc au sein de l'organisation Hillsong France :
1 association cultuelle
1 association culturelle
1 association de bienfaisance (Hillsong Sers Ta Ville)
Schéma n°2 :
L’association cultuelle, bénéficiaire de 95% des dîmes et offrandes, organise les cultes. L’association culturelle organise les événements qui ne sont pas cultuels comme un tournoi de foot ou le concert de YouthFR. L’association peut aussi bénéficier de la vente de ressources, comme des places de concert. L’association de bienfaisance, Sers Ta Ville, bénéficie de dons spécifiques et d’une petite partie de l’offrande Un Cœur pour la Maison.
Schéma n°3 :
Pour ces 3 associations, il y a un Conseil d’Administration, qui sont « 100% bénévoles pour leur activité de membres du Conseil d’Administration » selon les mots de Gabriel Gimenez :
Brendan White, qui a fondé l’église en 2004 et président du Conseil d’Administration
Gabriel Gimenez, depuis 2009
Thierry Noutsa, depuis 2015
Togbe Naingaye, depuis 2020
Zo Nialy, depuis 2022
Jean-Louis Traoré, depuis 2022
Les choses peuvent sembler équilibrées comme cela. Just Wait For It. Ce que ne précise pas Gabriel Gimenez (intentionnellement ou pas) n’est pas sans importance pour comprendre le fonctionnement de la gouvernance de Hillsong France.
Les conflits d’intérêt peuvent apparaître à tous les niveaux
Premièrement, la formulation du pasteur de Massy n’est pas claire lorsqu’il dit que tous les membres du Conseil d’Administration sont “100% bénévoles” pour leur activité de membres du Conseil. C’est vrai, mais il faut préciser que Gabriel Gimenez, Zo Nialy et Bendan White (soit la moitié des membres du Conseil d’Administration) sont également membres du staff. Ils sont donc rémunérés par l’association cultuelle Hillsong France pour leur implication au sein de l’église.
Mes lecteurs assidus savent désormais que c’est aussi le Conseil d’Administration qui décide des salaires et de l’attribution des primes au niveau du staff, grâce au témoignage de Zachée sur la gouvernance de l’église. Cette situation est une source potentielle de conflits d’intérêts, puisque la moitié des membres sont juges et parties dans les décisions sur leur propre rémunération. Le pauvre Zachée n’avait aucune chance puisqu’il ne pouvait compter que sur la bonne volonté des membres du Conseil d’Administration pour faire preuve d’impartialité.
Peut-on demander au Conseil d’Administration d’Hillsong France les montants des salaires des trois membres concernés, rémunérés par les dîmes et offrandes de la congrégation ?
Il est aussi intéressant de noter que sur les 6 membres du Conseil d’Administration, 2 sont pasteurs (White et Gimenez) et les 4 autres membres sont issus du monde des grosses entreprises. Cela en dit long sur le type de gouvernance à laquelle est sujette l’église.
Qui protège le staff en cas d’abus dans l’exercice de sa mission ?
Brendan White étant pasteur principal/chef du staff, il y a un lien de subordination clair et direct entre lui et son équipe, car personne ne peut faire quoi que ce soit sans qu’il ne l’ait validé. Étant également président du Conseil d’Administration, il est celui qui décide d’engager l’organisation dans une action en justice, avec l’autorisation du Conseil d’Administration. S’il y a des abus, ou que les intérêts de l’organisation sont en jeu, il serait donc la personne qui a le pouvoir d’agir en justice.
Les choses deviendraient compliquées si Brendan était celui à l’origine des abus ou mettant en danger les intérêts de l’organisation, puisque personne ne pourrait agir contre lui. Sauf peut-être les journalistes, car il n’y a que la médiatisation d’affaires qui semblent amener la Maison-mère à réagir.
Comment fonctionne le dialogue social entre le staff de l’église et les dirigeants ? Y a-t-il même de l’espace pour des représentants des salariés qui défendent leurs intérêts ? D’autant plus que Zo Nialy est à la fois directrice des ressources humaines et membre du Conseil d’Administration. Lorsqu’il la présente sur scène, Gabriel Gimenez utilise une formulation inappropriée, selon moi : « Zo apporte l’expérience RH et l’inspiration du Saint-Esprit pour gérer les situations délicates ». Il lui donne ainsi une position d’autorité divine pour trancher des décisions qui affectent le staff de l’église.
Vous n’êtes pas d’accord avec le nombre d’heures supplémentaires que vous avez faites ? Zo a la réponse, elle est guidée par le Saint-Esprit. Vous souhaitez prendre des vacances à une certaine date ? Zo pourra valider ou non les jours que vous avez choisis avec l’aide du Saint-Esprit. Votre demande d’augmentation a été refusée pour la troisième fois ? Ce n’est pas le problème de Zo, c’est le Saint-Esprit qui lui a dit. Vous êtes licencié injustement ? Non, ce n’est pas possible, car c’est la justice divine qui conduit la politique des ressources humaines de l’église.
Bienvenue en France, Gabriel Gimenez ! Nous avons déjà essayé d’être gouvernés par un souverain divin pendant plusieurs siècles et il est devenu un despote. C’est pour ça que le peuple l’a décapité. Je ne pouvais donc pas croire que le droit français permette une telle “libéralité” dans la gouvernance de l’église.
Les membres de l’association cultuelle ne sont pas ceux que vous croyez
Je me suis procurée les statuts des associations de Hillsong France, que vous pouvez demander à la préfecture de police du XIVème arrondissement de Paris, car ceux trouvables en ligne datent de 2017. Décidément, Hillsong France ne souhaite pas que l’on s’informe sur la gouvernance de l’organisation. J’ai aussi longuement discuté avec d’anciens hauts-responsables de l’organisation. Voici ce que j’ai appris.
Même si Gabriel Gimenez ne le précise pas, on s’imagine qu’un organisme comme le Conseil d’Administration gère les budgets, les employés de l’église et sont responsables juridiquement des associations aux yeux de l’État français et du droit français. Comment est “élu” ce Conseil d’Administration des associations de Hillsong France ?
Schéma n°4 :
À ma grande surprise, puisque je ne l’ai jamais entendu expliqué sur le stage, les membres de la congrégation ne peuvent pas si facilement devenir membres des associations de Hillsong. Les statuts mentionnent que ceux qui ont choisi de faire de Hillsong leur église locale sont des “amis” de l’association et non pas des “membres adhérents” de l’association cultuelle. Ils sont toutefois invités à contribuer financièrement à la bonne santé de l’organisation.
Gabriel Gimenez disait donc : « Dans notre église, on vote avec nos pieds, c’est-à-dire, avec notre présence ». Vous serez heureux d’apprendre que ce vote ne compte pas. C’est un peu comme quand vous jouez à la Playstation et que votre petit.e frère/sœur vous embête pour jouer avec vous. Vous lui donnez une manette qui ne fonctionne pas, pour qu’il/elle ait l’impression de participer et qu’il/elle arrête de vous embêter pendant votre partie de jeu. Vous pouvez créditer Tyler, The Creator pour cette illustration.
Article 6 des statuts de l’association cultuelle Hillsong France :
L’association est composée de membres adhérents dont le nombre est de 25 au moins.
Les membres adhérents sont les personnes physiques qui participent au fonctionnement de l’association et à la réalisation de son objet. Les membres adhérents ont seuls le droit de voter aux assemblées générales.
Les amis de l’association regroupent toutes les personnes qui ont choisi de faire de Hillsong leur église locale et participent aux cultes et aux activités proposées par l’association.
Je n’ai trouvé nulle part où identifier les membres adhérents de l’association cultuelle Hillsong France. Une de mes sources m’a expliqué que la plupart d’entre eux sont “parachutés” par la Maison-mère : « Deux tiers des membres des associations de Hillsong France ne sont même pas en France. Ils sont issus du réseau Hillsong à travers le monde »
Oh. Donc Hillsong Global est aux commandes sur le choix des membres du Conseil d’Administration ? C’est étonnant puisqu’ils ne sont pas dans l’opérationnel des activités de l’église en Francophonie. Comment peuvent-ils évaluer qui sont les candidats adéquats pour gérer l’église au sein du Conseil d’Administration ?
« Je n’ai jamais vu ces gens » m’a confié un petit oiseau qui s’est brûlé les ailes dans les hautes sphères du staff. Selon les statuts, les membres de l’association peuvent donner mandat à un autre membre de l’association pour voter, cela n’est donc pas gênant qu’ils soient “ailleurs”.
Qu’en est-il du tiers de membres restant ? S’agit-il du staff ? Techniquement, ils « participent au fonctionnement de l’association et à la réalisation de son objet ». Just wait for it.
Article 6.1 des statuts de l’association cultuelle Hillsong France : Admission
Pour être admis en tant que membre adhérent, il faut :
formuler et signer une demande écrite
accepter intégralement les statuts, le règlement intérieur s’il en existe un et la profession de foi de l’association
être accepté par le Conseil d’Administration qui, en cas de refus, n’aura pas à motiver son refus.
Schéma n°5 :
Schéma n°6 :
Donc le Conseil d’Administration, qui est choisi parmi les membres adhérents de l’association cultuelle, décide également de qui peut devenir membre adhérent de l’association. Le cercle est très très très fermé. Bienvenue à la maison ou bienvenue au Rotary club ?
Schéma n°7 :
Le Conseil d’Administration de Hillsong France peut-il nous donner l’identité de tous les membres adhérents de l’association cultuelle ?
Qui sont les membres adhérents de l’association cultuelle Hillsong France ? Cette information est cruciale pour garantir la transparence de la gouvernance de l’église. Les membres du Conseil d’Administration sont élus par des gens dont nous ne connaissons pas l’identité. Ils pourraient avoir été choisis par une entité étrangère ou par Brendan White lui-même, nous n’en aurions aucune idée. La congrégation qui donne généreusement à l’église n’a aucun pouvoir sur la gouvernance de l’église. Qu’en dirait le Ministère de l’intérieur ?
Les Kingdom Builders, qui sont les donateurs les plus généreux de l'église, sont-ils au courant qu’ils financent une organisation contrôlée par “on ne sait qui” ?
La structure de l’association Hillsong France appliquée à Hillsong Wakanda
Pour que vous puissiez vous rendre compte de ce que serait le pire scénario dans cette configuration, j’ai décidé de vous concocter une illustration basée sur Black Panther (Don’t sue me Marvel, please!). Je n’ai pas l’habitude d’écrire de la fiction, donc soyez indulgents avec moi. Dites-moi en commentaire si cette illustration est claire. Il s’agit d’un scénario, et non pas de ce qu’il se passe à Hillsong France. Cette illustration doit mettre en lumière ce que permettent les statuts de l’association cultuelle.
Imaginons que Gary Clark, lorsqu’il était pasteur d’Hillsong Londres en 2005, ait décidé d’envoyer Killmonger au Wakanda construire le campus Hillsong Wakanda. Il fonde l’association cultuelle Hillsong Wakanda et il peut inviter une poignée de Wakandais à rejoindre l’association pour faire bonne figure. Il ne faudrait pas que l’église du Wakanda ait l’air d’une colonie britannique.
Conformément aux statuts, tant que Killmonger veille à ce que ces membres adhérents wakandais restent minoritaires, il peut les intégrer sans mettre en péril les intérêts et la mainmise de la Maison-mère, alors dirigée par Brian Houston, fondateur de Hillsong en Australie.
Pour que la congrégation de Hillsong Wakanda qui grandit ne se doute pas qu’ils ne sont pas vraiment au contrôle de leur propre association cultuelle, Killmonger doit constituer un Conseil d’Administration, très populaire au Wakanda, mais qui ne s’opposera jamais à lui. Il s'adresse à un représentant de la tribu de la rivière, un représentant de la tribu des mineurs, un représentant de la tribu marchande et un membre de la tribu frontalière. Il prend soin de ne pas inclure un représentant de la tribu Jabari, qui vit dans les montagnes, car ils sont trop indépendants et ont de trop fortes têtes (désolée Mbaku).
Les cinq représentants de tribu rejoignent l’association cultuelle Hillsong Wakanda sur invitation de Killmonger. Ils sont honorés et promettent, en échange d’un siège au conseil d’administration, de maintenir Killmonger président du Conseil d’Administration. C’est une formalité pour Killmonger puisque les 19 autres membres de l’association sont en fait basés en dehors du territoire Wakandais. Ils donnent à Killmonger leurs 19 voix aux votes en assemblée générale.
Les Wakandais du Conseil d’Administration sont en fait impuissants
Hillsong global compte donc 20 voix au sein de l’association cultuelle Hillsong Wakanda. Les Wakandais sont minoritaires avec 5 voix, et soumis à Killmonger, qui est très gentil, mais on le sait, un peu instable émotionnellement. Il a du mal à gérer le refus et la confrontation.
Avec ses 20 voix, Killmonger réussit facilement à positionner ses 5 amis wakandais au Conseil d’Administration et ils tiennent leur promesse de le maintenir président de Conseil. Comment pourraient-ils faire autrement ? Killmonger a assez de voix pour les virer de l’organisation s’ils ne votent pas pour lui. En tant que président du Conseil d’Administration, il a d’ailleurs une voix prépondérante en cas de partage des voix du Conseil, conformément aux statuts.
Killmonger embauche au staff de Hillsong Wakanda les Dora Milaje, car ce sont des guerrières qui ont le Royaume à cœur, mais elles n’ont aucun pouvoir de décision dans l’organisation. Elles sont là pour servir les intérêts du Royaume, mais elles sont complètement soumises au Conseil d’Administration. Le seul choix qu’elles ont si elles ne sont pas d’accord avec leurs conditions de travail ou la gouvernance de l’église, c’est l’exil.
Schéma n°8 :
Dans ce scénario, tout se passe bien tant que Killmonger est un bon pasteur principal, qui a l’intérêt de toute la congrégation à cœur. Je ne doute pas de ses capacités et il est vraiment charmant. Il peut écouter les conseils des Wakandais, mais il est toujours celui qui a le dernier mot.
En revanche, si le leadership de Killmonger vire à l’autoritarisme et montre des signes extérieurs inquiétants comme le burn out des Dora Milaje, la baisse des dons au sein de Hillsong Wakanda, l’inertie du Conseil d’Administration face à des situations injustes… Il est impossible de se débarrasser de lui.
Hillsong Sydney a intérêt à le maintenir au pouvoir, car elle n’a confiance qu’en lui. Le Royaume du Wakanda n’a aucune idée de comment fonctionne Hillsong Wakanda, donc il ne jugerait pas la peine d’envoyer Black Panther.
Il ne faut pas seulement blâmer Killmonger pour les péchés d’Hillsong Wakanda
Vous me suivez ? Vous voyez comment les choses peuvent vite déraper ? Et même si Killmonger a un grand pouvoir et de grandes responsabilités dans la situation de l’église, c’est bien les Wakandais qui lui ont donné la puissance politique, culturelle et financière de faire les choses. Il faudrait que les statuts de l’association cultuelle soient modifiés pour garantir un exercice du pouvoir équilibré dans la gouvernance d’Hillsong Wakanda.
On pourrait remplacer Killmonger par T’Challah, avec le système de gouvernance actuel, T’Challah pourrait faire exactement la même chose que son prédecesseur. Je vous rappelle que T’Challah n’a pas toujours été quelqu’un de bien. Ivre de pouvoir et endeuillé par la mort de son père, il était prêt à tout sacrifier pour se venger et assassiner Bucky, le soldat de l’Hiver. Les hommes sont faillibles. Même si nous sommes tous prêts à écouter le Saint-Esprit, nous sommes des humains avant tout.
Killmonger n’est pas le problème, c’est le système de gouvernance. Killmonger reste toutefois responsable de ne pas réformer ce système de gouvernance. Il a l’autonomie et le pouvoir de le faire. C’est une responsabilité écrasante qu’il a choisi de porter seul : le pouvoir absolu. Hillsong Sydney, la Maison-mère, est toute aussi responsable de cette situation chaotique. Elle a réformé son propre système de gouvernance, suite au drama “Brian Houston”, mais elle a abandonné Hillsong Wakanda à son sort.
Qui pourra sauver la congrégation d’Hillsong France ?
Je doute qu’Hillsong Sydney puisse venir au secours de Hillsong Wakanda ou de Hillsong France en cas de graves dysfonctionnements. Même s’ils ont les meilleures intentions du monde, les leaders de Hillsong Sydney bénéficient de la marque “Hillsong” et la structure internationale de l’organisation ressemble à une pyramide de Ponzi.
J’ai appris au cours de mon enquête que 5% des revenus des campus à travers le monde reviennent à la Maison-mère (pour des supposés frais de fonctionnement). Avec la crise Covid, les frasques des pasteurs, les fermetures de campus, la fermeture de Hillsong College, les départs des groupes musicaux de Hillsong, la fin de Hillsong Channel, la fin des conférences internationales, les déboires judiciaires de l’organisation… La marque Hillsong voit ses revenus baisser considérablement malgré des gros investissements immobiliers qu’elle continue sans doute de rembourser. Elle doit maintenir ses campus pour maintenir cette source de revenus.
Les membres irréductibles de la congrégation, les “amis” de Hillsong France, peuvent bien voter avec leurs pieds, comme le dit Gabriel Gimenez. Je leur conseillerais sans doute de tourner les talons et de prendre leurs jambes à leur cou.
“Rends l’argent !”
Je me sens aujourd’hui trompée, car je ne savais rien de tout ça lorsque je faisais des dons à Hillsong France. Je pensais permettre le maintien d’un culte chrétien et soutenir des œuvres caritatives, mais j’ai l’impression que Hillsong France fonctionne davantage comme une entreprise que comme une église. Je souhaite que mes dons soient reversés à d’autres associations. J’espère toujours que le Conseil d’Administration revienne vers moi avant que les autorités françaises ou la Fédération Protestante ne sanctionne l’organisation pour sa gouvernance opaque.
J’adresserai prochainement la présentation du “comité d’experts” et des finances de l’église à la soirée Cœur et Âme. Je vous dirai aussi pourquoi je ne pense pas que des membres du staff puissent réformer le système de l’intérieur. Dites-moi également si vous souhaitez que j’aborde des scénarios de sortie de crise pour la gouvernance de l’organisation.
J’espère que ces explications sur la gouvernance de Hillsong vous permettront de faire des choix mieux éclairés vis-à-vis de la situation actuelle. Cette opacité donne malheureusement raison à la loi séparatisme, selon moi, instrumentalisée pour porter atteinte à la liberté de culte en France. Je prie que le ministère de l’Intérieur ne durcisse pas le régime de toutes les associations cultuelles à cause des agissements de certaines d’entre elles.
Encore une fois, je ne suis pas celle qui fait du mal à l’Église avec un grand E, en mettant à la lumière cette situation. Je ne suis pas celle qui a créé cette situation. Nous sommes toutefois tous responsables de son évolution.
Excelsior,
Tiavina Kleber
M D R
5% des dîmes et offrandes d'Hillsong Paris reviennent à Sydney ?
En fin de compte, ouvrir des églises Hillsong dans le monde ce sont surtout des investissements financiers pour eux.
C'est pas "One House, Many Rooms", c'est "un Propriétaire, Pleins de Locataires".
Et c'est pas comme-ci ils avaient des problèmes d'argent à l'époque...
Super le "vous votez avec vos pieds".
Comme si on était au courant que vous achetiez des parts dans des théâtres avec nos dîmes et offrandes, qu'à la place vous fessiez des contrats précaires à nos membres du staff ("le sacrifice du ministère") et qu'ils pouvaient d'ailleurs être licenciés par le choix de Brendan White seul (puisque que, si j'ai bien compris, il a 2 tiers des votes du CA). J'imagine que son salaire, voté avec ses amis d'Australie, ne doit pas trop être sacrificiel...
Je pensais que le CA représentait quelque chose d'équilibré, que les vrais paroissiens avait une voix qui compte sur ces décisions importantes.
Ce sont nos dîmes et offrandes.
Merci Tiavina pour ce travail.
Dommage qu'on ait toute cette "transparence" de cette façon.
Il est clair que le fonctionnement n'est pas sain.
J'aurai aimé savoir tout ça dès le début.
Wow bravo pour cet article pas évident mais bien expliqué !!! Cet article répond aux questions sur l'opacité soulevées lors du premier article où tu avais justement dit que tu aurais aimé être invitée à une AG pour voter le budget... tu n'étais donc pas adhérente de l'asso, ceci expliquant cela.
En effet cette gestion est plus que bancale, je suis étonnée que les statuts aient été validés en Préfecture et qu'ils n'aient pas vu les risques de dérives que ça comportait de laisser un CA majoritairement étranger et absent décider de qui devenait membre, et ensuite qui vote les budgets.... ça ressemble très fortement à une entreprise et non une asso ce type de gestion. Comme tu dis, que fait le Ministre de l'Intérieur ? Affaire à suivre.