Questionné par des membres de l'équipe créative : Brendan White peine à convaincre
4 personnes ont récemment été limogées au sein du staff de l'équipe créative, et cette fois, la mauvaise volonté du top leadership de Hillsong France commence à se voir.
Nouveau coup dur au sein de l’église Hillsong France avec le départ de quatre personnes du staff rattachées à l’équipe créative. Ces départs suscitent à nouveau l’incompréhension, puisque les explications du top leadership sont encore obscures. Certains membres de la congrégation en viennent à questionner le cœur de leur pasteur. D’autres commencent à poser des questions dérangeantes en public (le cauchemar de Hillsong).
On va parler des “départs”, OK ? Je ne vais pas faire de “gossiping”, juste vous montrer pourquoi la gouvernance d’une église devrait appartenir aux membres de sa congrégation.
Des départs mal gérés qui jettent (encore) le trouble sur les motivations des pasteurs
Ce que le top leadership ne vous dit pas à propos de ces nouveaux départs
Des départs forcés pour sanctionner la “dissidence”
L’occasion de se débarrasser d’un contrat soumis au régime général
Comment ces départs illustrent le copinage et le favoritisme omniprésents dans la culture de l’organisation
Où sont passés les 170 000 euros de Un Cœur Pour La Maison ?
5 millions d’euros pour un bâtiment, mais pas d’argent pour le staff Creative
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Brendan White, pasteur principal de l’église Hillsong France, avait pourtant clamé s’être remis en question ces derniers temps. Son entourage aime crier sur tous les toits que les choses sont en train de changer. Pourtant, les têtes continuent de tomber dans les mêmes circonstances que la vague de départ de 2022 et Brendan White continue d’utiliser le prétexte du “changement de saison”.
Un conducteur de louange, un vidéaste, une graphiste et une chargée de projet communication ont récemment été limogés par le top leadership de Hillsong France. Bien sûr, personne ne les a forcé à quitter la communauté, mais peut-on vraiment s’attendre à ce que des gens puissent encore se sentir bienvenus à la maison, lorsqu’ils viennent d’être éjectés du poste pour lequel ils ont sacrifié leur vie depuis des années. Nous les appellerons Enoch, Joni, Yaël et Myriam. Même si vous devinez leur identité, il s’agit de les protéger des gens extérieurs à notre grande et belle famille dysfonctionnelle.
Des départs mal gérés qui jettent (encore) le trouble sur les motivations des pasteurs
Au cours d’une réunion du staff en novembre dernier, le top leadership a annoncé vouloir se séparer du département de la créative et des prestataires indépendants qui y sont rattachés pour des raisons budgétaires. Comme évoqué dans mes précédents articles, les finances de Hillsong France sont “fragilisées” par la baisse significative et constante des dîmes et offrandes depuis 2020.
C’est du moins ce qui a été expliqué par le Conseil d’Administration. Les rapports financiers de l’église n’étant plus publiés, je ne suis pas en mesure de vérifier le discours du top leadership sur ce sujet. La situation est elle assez critique pour que les pasteurs envisagent de baisser leur salaire ? Je ne sais pas. Faut-il s’en inquiéter au point de supprimer le gagne-pain des gens avant de réduire la voilure sur les moyens techniques ? Je ne sais pas. La seule chose que je sais, c’est que la congrégation n’a pas son mot à dire sur la gestion des finances de l’église, et cela ne semble inquiéter personne !
Ce qui se murmure depuis des mois au sein du staff et des leaders clés de l’équipe créative, c’est qu’au-delà du prétexte des finances, cette vague de “départs imposés” est une opportunité pour Brendan White de se séparer de personnes encore trop critiques vis-à-vis de la gouvernance de l’organisation. Le fonctionnement de l’équipe créative cristallise les problèmes systémiques de l’église, il est donc normal que les personnes concernées aient quelques inquiétudes à exprimer… Mais cela ne plaît pas à tout le monde !
Non content de se voir encore challengé dans son propre château, le souverain du Royaume d’Hillsong France aurait donc bien choisi les personnes dont-il fallait se séparer en période de vache maigre. Il est intéressant de noter que face à une crise de confiance de la congrégation, Brendan White a choisi de sacrifier des personnes qui avaient les compétences pour faire que l’organisation soit plus convaincante : des communicants. N’étant pas des pasteurs, il est plus facile de s’identifier à ces personnes, elles incarnent donc un vis à vis important pour la congrégation. Plusieurs personnes, encore membres de la congrégation, sont venues m’interpeller par message privé sur Instagram pour me dire qu’ils trouvaient ce choix de Brendan White profondément injuste.
Une réunion de l’équipe créative qui tourne au fiasco
Lorsque vous faites ce genre de choix, il faut pouvoir l’assumer auprès des bénévoles. Ceux-ci faisaient confiance aux personnes que vous avez décidé d’éjecter et ils sont aussi ceux qui font tourner le culte le dimanche. Imaginez l’impact d’une mutinerie de l’équipe créative sur les services ? Comment convaincre la congrégation de continuer à donner, s’il n’y a plus personne pour opérer les caméras hors de prix dans lesquelles l’église a investi ?
Dimanche dernier était le dernier dimanche de “travail” pour deux des membres du staff limogés en 2024. Hasard du calendrier ou communication de crise : c’est aussi le moment qu’a choisi Brendan White pour organiser un “creative moment”, un petit temps de partage pour remotiver les troupes de l’équipe créative. Plusieurs sources ont décrit cette prise de parole comme “malaisante”. Nombreux sont ceux qui voient clair dans le discours politique du pasteur principal de Hillsong France.
Néanmoins, cette fois, certains volontaires en avaient gros sur le cœur. Un jeune homme autrefois proche de Enoch se serait donc permis de poser les questions brûlantes que beaucoup n’osaient pas poser comme : « Pourquoi Enoch a-t-il quitté l’église ? » Les explications données par le top leadership jusque-là n’étaient vraisemblablement pas assez convaincantes, puisque le sujet revient sur la table, des semaines après le départ du conducteur de louange.
Mettre fin à la collaboration avec Enoch, qui était le leader de l’équipe de louange, est difficilement justifiable. Il s’agit d’un poste central au sein d’un mouvement d’église qui s’est fait connaître grâce à la musique. Enoch lui-même semble convaincu que l’argument des coupes budgétaires n’est pas le principal motif de son éviction. Comme ses amis et ex-collègues partis un an avant lui, le conducteur de louange n’a pas hésité à confronter le top leadership sur ce qui n’allait pas dans l’organisation (avec plus de douceur que moi, vous imaginez bien). Face à Brendan White, qui demande régulièrement à ses équipes “d’être avec lui” (de le suivre aveuglément), comme s’il était le chemin, la vérité et la seule voie possible, difficile de ne pas passer pour un dissident lorsque vous levez ne serait-ce qu’un sourcil.
« Je n’ai pas demandé à Enoch de quitter l’église » aurait répondu White ; une réponse en langue de bois qui n’a dupé personne. Effectivement, le pasteur de Hillsong France ne demanderait jamais à qui que soit de quitter l’église, ce serait politiquement incorrect, mais il y a bien une raison pour laquelle tous ceux qui ont dû quitter le staff, ont également dû quitter la communauté de Hillsong France. Selon Pasteur Brendan, Enoch serait parti parce qu’il ne se sentait “plus aligné avec la vision de l’église”. Ce n’est pas complètement faux, mais ce n’est pas non plus la vérité.
Puisqu’ils en étaient à parler des sujets difficiles, la question des « prédications et enseignements pas assez profonds » aurait aussi été abordée, mettant très mal à l’aise l’autorité suprême de l’organisation. L’échange a été court, mais suffisant pour confirmer aux volontaires présents ce jour-là que la culture du leadership n’était pas près de changer. Plusieurs personnes admettent avoir eu de la peine pour leur pasteur face à un exercice de communication aussi compliqué, mais soutiennent qu’il devrait faire davantage preuve de transparence. Transparence, ô transparence, pourquoi faut-il toujours que l’on te marche dessus ?
Ce que le top leadership ne vous dit pas à propos de ces nouveaux départs
1) Des départs forcés pour sanctionner la “dissidence”
Au-delà des considérations budgétaires, cela fait plus d’un an que le département de la Creative lutte pour continuer à faire son travail malgré le manque de considération, le manque de ressources, et les départs de ceux qui ont façonné tout ce qu’on aimait à propos de la Creative.
J’ai appris le limogeage de Myriam via des amis en commun en novembre dernier. J’ai été déçue, mais pas surprise. Un.e ami.e au sein du staff m’avait raconté auparavant que cela revenait aux oreilles de pasteur Brendan que Myriam se plaignait « beaucoup » auprès d’autres membres du staff. Brendan White aurait prétendu ne pas comprendre pourquoi Myriam ne lui disait pas les choses directement ou ce qu’elle lui reprochait — un discours que j’ai déjà entendu dix fois à propos de dix personnes différentes, qui ont aujourd’hui quitté le staff. Le pasteur australien a beaucoup de qualités, mais sachez qu’accueillir sereinement la confrontation n’en fait pas partie. Il a aussi beaucoup de mal à faire la distinction entre la critique constructive et la calomnie, si l’on en croit le témoignage de Mardochée, ex-membre du Conseil d’Administration.
Instantanément, j’ai pensé : “Myriam est la prochaine sur la sellette”. Comment peut-on blâmer Myriam de se plaindre (ouvertement ou non) et ne pas interroger la culture qui a mis Myriam dans cette position délicate ? Comment Brendan White peut-il invoquer à chaque fois les mêmes griefs envers les personnes dont il veut se débarrasser et ne pas se rendre compte qu’il est le dénominateur commun à chacune des situations “d’incompréhension” évoquées ? Le staff réalise-t-il qu’une telle emprise de la part du pasteur principal de l’église est assimilable à une dérive sectaire ?
Ironiquement, le staff de Hillsong France pense que Myriam est la personne qui m’envoie des infos, me demandant ouvertement si elle m’a informée de telle ou telle chose. Ils ne réalisent pas que les bénévoles les plus investis dans leurs équipes, qui espèrent aussi voir l’organisation changer de cap, lisent mon blog en secret. Ceux-ci évitent d’interagir publiquement avec ma plateforme pour ne pas se faire réprimander, et peuvent aussi me fournir des éléments pour que je puisse publier des choses qui reflètent au plus près la réalité.
2) L’occasion de se débarrasser d’un contrat soumis au régime général
Concernant le départ forcé de Yaël, la situation est un peu différente. Yaël a un tempérament réservé et introverti, mais certaines sources ont pu constater qu’elle n’a jamais eu peur de dire à Brendan White ce qui n’allait pas. En tant que graphiste, la jeune femme était l’une des rares personnes dans l’histoire de Hillsong France à bénéficier d’un contrat de travail soumis au régime général.
Pour ceux qui ont lu ma lettre ouverte, vous savez que le recours à outrance aux chartes de ministre du culte est un enjeu “d’optimisation fiscale” pour l’organisation, au détriment d’assurer une bonne protection aux personnes qui travaillent pour elle. Mardochée m’a lui même confié en entretien que « le staff de la Creative n’aurait pas dû être soumis à la charte de ministre du culte ». Graphiste, ingénieur du son, responsable communication, directeur technique : ces métiers vous semblent-ils assimilables à un ministère confessionnel ? L'église souhaite simplement faire des économies sur les droits et les intérêts de leurs travailleurs.
Je prends le cas de mon ami Jonathan Declais, qui a travaillé pour Hillsong France en tant que graphiste pendant dix ans. Il a accepté de le faire pour un salaire qui ne reflète ni son profil, ni ses responsabilités, et sous le régime de la charte de ministre du culte. Il n’a donc pas pu cotiser aux caisses de protection sociale, et il n’a pas pu bénéficier, lorsqu’il est parti, d’allocations chômage pour pouvoir rebondir.
Yaël a été recrutée pour remplacer Jonathan Declais. L’ancienne responsable communication de Hillsong France avait réussi à obtenir un contrat de travail soumis au régime général par souci d’équité envers Yaël, ce qu’elle n’avait pas réussi à obtenir pour elle même, la pauvre. Quelle n’a pas été notre surprise d’apprendre qu’un an plus tard, Hillsong France souhaitait revenir sur ce contrat !
En novembre dernier, avant même que je ne lance ce blog, des personnes m’ont sollicitée, car Yaël cherchait à être conseillée au sujet d’une proposition que lui avait faite la RH de Hillsong France. La dite “proposition” aurait été la suivante : renoncer à son contrat soumis au régime général (qui coûte trop cher à l’organisation en termes de cotisations sociales) ; et renoncer au paiement de ses heures supplémentaires effectuées le dimanche, qui constitue une certaine somme, certes, mais qu’elle a honnêtement gagnée. En contre partie, Yaël conservait la liberté de “voter avec ses pieds”, c’est à dire : quitter le staff en courant si elle ne souhaitait pas accepter cette proposition “généreuse” (sarcasme).
À noter que les membres du staff qui ont signé une charte de ministre du culte ne peuvent prendre que 4 dimanches en jour de congé par an et ne sont pas indemnisés pour ce choix de vivre en décalage avec le reste de la société française. Avec 4 dimanches off par an (vacances comprises et qui ne peuvent pas être consécutifs), vous pouvez oublier les mariages de vos amis, les week-ends hors de Paris, les fêtes de famille, et toute vie sociale en dehors de l’église. Il a fallu attendre que Jonathan Declais quitte son poste pour pouvoir expérimenter ensemble les brunchs dominicaux, les vacances en Italie ou même la fête des mères avec sa propre mère et non pas les mères de la congrégation (aussi cool soient-elles).
Quels conseils avais-je donc à donner à la jeune Yaël à la lumière des informations qui m’ont été rapportées ? Poursuivre ces patrons véreux en justice devant le conseil des Prud’hommes, car je suspectais qu’ils essaieraient de se débarrasser d’elle si elle n’acceptait pas la proposition du top leadership. Pendant que Zo Nialy s’octroie à elle-même des primes, pourquoi faudrait-il que Yaël renonce aux heures de travail qui lui sont dues ? Je me suis donc abstenue de lui porter conseil, si ce n’est pour lui dire de bien se renseigner sur ses droits. Comment une église, dont la raison d’être est de propager le message d’amour de l’Évangile, peut-elle imiter les pratiques discutables des grosses entreprises ?
3) Comment ces départs illustrent le copinage et le favoritisme omniprésents dans la culture de l’organisation
Quitte à se comporter comme une entreprise, le top leadership de Hillsong France devrait au moins faire des choix qui font sens en termes de stratégie “coûts vs bénéfices”. L’absurdité des décisions qui ont été prises font ressortir la culture de copinage et de favoritisme qui gangrène le fonctionnement de l’organisation. C’est d’ailleurs une chose que met aussi en lumière le témoignage de Mardochée, ex-top executive de Hillsong France et celui de Zachée : selon les rapports que vous entretenez avec la direction, vous pouvez plus ou moins obtenir une issue favorable à vos requêtes.
D’après mes sources, Hillsong France déclare suivre les recommandations de Hillsong Sydney en privilégiant les postes pastoraux dans les coupes budgétaires, ce qui quelque part fait sens, puisque Hillsong est une église. Ça ne veut pas dire que la maison mère s’est amputée de toutes ses ressources en communication et marketing ! Pour susciter les dons quand on est une megachurch (et quand on a des gros crédits immobiliers à rembourser), il faut pouvoir communiquer efficacement. Ce serait absurde de se débarrasser de tout un département de communication. Pensez-vous que les gens seraient aussi généreux pendant Un Cœur Pour La Maison s’il n’y avait pas de vidéos, pas de plaquette de présentation, et pas de culte spécial ?
Qui va s’occuper de la stratégie de communication de Hillsong France désormais ? Un.e alternant.e en formation et une assistante pastorale, qui n’est d’ailleurs pas très active sur ses propres réseaux sociaux personnels. Et laissez-moi vous rappeler que la tâche est si vaste qu’elle a épuisé une équipe entière. Il faudrait donc s’inquiéter du poids qui repose désormais sur les épaules de ces personnes. Et il faudrait anticiper que les dons à l’église ne sont pas près de remonter. Hillsong France s’est elle inquiétée de conserver les accès à leur propre site web ? À leurs plateformes sociales ? À leurs newsletters ? L’organisation a-t-elle pu former des gens pour utiliser ces outils spécifiques ?
Dans la même logique, on peut s’interroger sur la façon dont d’autres membres du staff ont pu conserver leur poste dans un contexte de disette. Quelqu’un de formé et compétent en matière d’outils de communication était-il prioritaire sur la liste des personnes à éjecter, par rapport à quelqu’un dont le job est déjà effectué par 7 autres personnes de l’organisation ?
Dans une entreprise régie par le droit du travail, les plans de licenciement économique, c’est à dire les départs groupés pour cause de coupes budgétaires, sont organisés selon des critères objectifs. Ces critères peuvent varier d’un secteur à un autre, mais ils ont tous pour objet de protéger les salariés de toute forme de favoritisme. Il est intéressant de noter que les critères retenus par le top leadership de Hillsong France pour se séparer des créatifs apparaissent être purement subjectifs.
Aussi, d’autres solutions auraient pu être envisagées avant de supprimer des postes (si le problème était strictement financier) :
Changer de lieu de culte ? Hillsong France peine désormais à remplir le théâtre du 13 ème art, qu’elle occupe tous les dimanches, peut-être faut-il commencer à mettre son égo de côté et viser un espace plus petit ?
Changer de bureau ? Pourquoi continuer à occuper un bureau parisien quand beaucoup d’entreprises investissent dans le télétravail partiel et la location d’espaces en coworking ?
Réduire le temps de travail de certains postes (passer de 5 à 4 jours par semaine pour certains) ? Est-ce que l’église a besoin d’autant de pasteurs à plein temps pour prendre soin d’une congrégation qui maigrit à vue d’œil ?
Réduire les charges liées à certains événements : c’est quoi le budget de YouthFR depuis que le groupe est devenu HillsongFR dans une belle opération de rebranding ?
Mettre en pause certains ministères, certains services effectués par l’église et les rediriger vers d’autres ministères ? Encore faut-il être bien connecté au réseau chrétien de la Francophonie pour cela ?
Mettre en place une “offrande” spéciale pour sauvegarder certains postes ?
Je ne dis pas que j’aurais trouvé une meilleure solution, je vous montre que la gouvernance financière de Hillsong France est un problème. La décision de se séparer d’une partie du staff ne peut pas revenir à une seule personne. Elle aurait pu et elle aurait dû être discutée et actée par des représentants de la congrégation.
Où sont passés les 170 000€ de Un Cœur Pour La Maison ?
Plusieurs bénévoles ont relevé que le timing des départs de nos créatifs, pour cause de coupes budgétaires, est étrange. Le top leadership a annoncé sa décision en novembre, le mois de Un Cœur Pour La Maison, une campagne de don spécifique, au cours de laquelle la congrégation est appelée à donner pour “La Maison”. En 2023, Hillsong France a réuni près de 169 604 euros.
Des membres du staff et des membres de l’équipe créative ont relevé cette incohérence et demandé pourquoi les dons ne peuvent pas venir sauver les postes du staff de l’équipe créative. Ce n’est pas comme si leur travail ne participait pas au maintien d’un culte chrétien, soit l’objet social de l’organisation !
Selon des sources concordantes, certains pasteurs auraient répondu que l’on ne peut pas dépenser l’argent issu des dons de “Un Cœur Pour La Maison” pour autre chose que ce qui a déjà été annoncé à la congrégation — et les moyens humains n’en feraient pas partie.
J’ai eu l’occasion de travailler sur plusieurs campagnes de “Un Cœur Pour La Maison” et je trouve cette réponse scandaleuse. Oui, la campagne met l’emphase sur l’acquisition d’un bâtiment, mais elle met aussi l’emphase sur la justice sociale et l’importance d’investir dans des moyens techniques et humains pour maintenir le culte.
J’ai encore en ma possession la plaquette de la campagne de 2020, dont le contenu apparaît aujourd’hui comme une mauvaise blague. Dans cette plaquette conçue pour encourager la congrégation au don, on peut lire les mots de Pasteur Brendan : « Notre désir est de prendre soin de vous et de voir votre foyer s’épanouir », ainsi que les mots de Pasteur Brian Houston, aujourd’hui démis de ses fonctions : « Notre église n’est pas bâtie sur les dons et les talents de quelques-uns, mais sur les sacrifices de plusieurs. »
Vous pouvez également voir ma petite tête masquée à la page 8, pour illustrer le fait que le campus en ligne de l’église nécessite des dons pour fonctionner : « la digitalisation de nos services requiert des investissements matériels et humains conséquents. Nos équipes Créative et Communication ont été fortement sollicitées »
Image : une page de la plaquette de présentation de “Un Cœur Pour La Maison” 2020.
En l’occurence, la responsable communication et moi-même étions les (petits) investissements humains de cette année-là. Notre équipe était constituée d’un pasteur, un directeur technique, un graphiste/directeur artistique, un ingénieur du son et un réalisateur. Aujourd’hui, il ne resterait plus qu’un directeur technique/réalisateur au sein du staff salarié de l’organisation. Où sont les investissements humains décrits ici ? La plaquette aurait-elle menti ? Pourquoi une offrande “Un Cœur Pour La Maison” ne peut-elle pas venir soutenir les pierres vivantes de la maison ? Y a-t-il un juriste parmi mes lecteurs pour nous éclairer ?
5 millions d’euros pour un bâtiment, mais pas d’argent pour l’équipe créative
Je l’ai aussi déjà cité dans ma lettre ouverte : selon mes sources, en début d’année 2023, l’organisation Hillsong France était prête à mettre sur la table plus de 5 millions d’euros (comptant) pour acquérir les locaux de l’association chrétienne “Le Chantier”, aujourd’hui devenus le projet “Paris Épicentre”. Il s’agit du plus grand lieu de culte chrétien de Paris-Intramuros et cela fait des années que Hillsong France cherche à en devenir propriétaire. Il y a quelques années, j’ai moi-même participé à des marches de prière avec le staff de l’église, autour du bâtiment, espérant que Dieu nous en ouvre les portes.
Dieu a finalement choisi l’église La Cité pour occuper les lieux, et honnêtement, tant mieux pour elle ! Cependant, on peut encore se demander : comment l’église peut-elle avoir les moyens de sortir 5 millions d’euros début 2023 pour un bâtiment, et ne plus avoir les moyens à la fin de cette même année de maintenir deux postes à temps plein et deux postes à temps partiel ?
Le bâtiment est-il devenu plus important que les gens ? Avons-nous menti dans la campagne 2020 de Un Cœur Pour La Maison, en clamant haut et fort que l’église n’est pas un bâtiment ? Pourquoi fallait-il sacrifier (encore) des membres de la communauté ?
Dans le monde séculier, une entreprise forcée d’avoir recours à des licenciements économiques (des suppressions de poste pour cause de difficultés financières) ne peut pas réouvrir ces postes avant un an. Cela fait sens puisque si vous n’aviez plus l’argent pour payer vos salariés, comment auriez vous trouvé l’argent pour les faire remplacer ? Hillsong France n’est pas soumise à cette législation, mais j’imagine que le prétexte des difficultés financières ne tiendra pas longtemps si Brendan White décide de recruter immédiatement des gens pour remplacer Myriam, Yaël, Enoch et Joni.
Pourquoi sommes-nous si affectés par les départs ?
Les leaders de l’ancienne garde tombent comme des mouches au sein de l’équipe créative : cela pourrait devenir de plus en plus difficile de remotiver les petites mains passionnées qui façonnent le culte le dimanche. Enoch, le conducteur de louange, n’a pas vu ses services renouvelés par l’organisation Hillsong France et cela m’a attristée.
Il ne s’en souvient jamais, mais Enoch a fait partie de mon tout premier souvenir au sein de la communauté Hillsong Paris. En 2014, ma cousine (et relectrice officielle de ce blog), m’avait conviée à une soirée de groupe de maison chez le frère d’Enoch, toujours employé par Hillsong France d’ailleurs. Nous étions tous censés amener un plat à partager avec les autres convives. J’avais amené un plat de pâtes carbo. Il est important de préciser que je suis une piètre cuisinière, même pour les plats les plus simples, tout le monde le sait.
La table s’est donc retrouvée bien silencieuse quand c’était au tour de mon plat d’être dégusté ; dans une culture riche en encouragements comme celle d’Hillsong, il est plutôt rare que personne ne trouve quelque chose de positif à dire. « Merci pour ce plat Tia, finit par lancer Enoch, c’était très généreux de ta part et je suis sûr que tu peux encore t’améliorer ! » ; une taquinerie de bonne guerre si vous avez déjà goûté à ma cuisine “approximative”. C’est un souvenir qui m’a marqué parce que le concept même de ce dîner a changé ma perspective de l’Église. Ce n’est pas le bling bling des services d’Hillsong qui m’a conquise, mais la possibilité de construire des communautés fortes et bienveillantes dans lesquelles chacun peut expérimenter l’amour fraternel.
Depuis, j’ai servi avec Enoch et l’équipe créative. Nous sommes partis en tournée en France et en Belgique. Nous avons fait des soirées de louange dans mon salon. Nous avons évolué dans des cercles d’amis communs. Nous avons subi le rythme effréné des services en ligne pendant le confinement. J’ai parfois été irritée par sa capacité à toujours positiver dans les situations les plus critiques. J’ai eu envie une ou deux fois de l’assommer, parce qu’il a toujours beaucoup trop d’énergie et qu’il est très extraverti. Néanmoins, je n’imaginais pas l’église sans lui, et sans doute que vous aussi.
Au moment de mon départ en 2021, Enoch m’a fait part de sa lucidité sur les dysfonctionnements de l’église, mais il avait toujours envie de rester au sein de l’organisation parce qu’il n’avait pas perdu l’espoir de la voir évoluer. C’est un éternel optimiste ! À l’époque, Brendan White semblait être à son écoute et disposé à changer de cap. Enoch admet aujourd’hui avoir été évincé en partie parce qu’il dérangeait et a même exprimé le souhait, au moment de son départ, que Pasteur Brendan évite de maintenir des apparences qui ne soient pas cohérentes avec sa démarche. On entend le même son de cloche du côté de Yaël et Myriam, qui n’ont pas souhaité qu’il y ait de “pot de départ” ou autre moment de célébration pour honorer leur travail pour la même raison.
Votre vie s’améliore significativement lorsque vous sortez du système Hillsong. Je suis toutefois triste pour ces créatifs de talent, car j’ai du mal avec l’idée que la dévotion d’une personne à la cause du Royaume puisse être traitée comme une commodité (à bas prix). Malgré la crise que connaît l’organisation depuis 2020, Joni, Enoch, Yaël et Myriam ont fait le choix de rester à bord d’un navire qui prend l’eau, pour tenter de le sauver. Je déplore le décalage entre la perception du top leadership et celle de la congrégation sur la situation.
Pour la congrégation, Hillsong est une communauté, une église, un corps, une famille. On ne se débarrasse pas d’un membre de la famille comme cela, parce qu’il ne nous est plus utile. Pour le top leadership de l’église, Hillsong est une organisation, un système, qu’il faut continuer de faire tourner. Cela nécessite des sacrifices, et tant pis pour ceux qui ne peuvent pas suivre le train en marche.
Qu’est-il arrivé à Joni, le vidéaste ?
Une autre illustration de ce décalage n’est autre que la manière dont a été géré la fin de la collaboration avec Joni, qui travaillait sur les vidéos des cultes en ligne et sur tous les besoins en création vidéo en général. Joni servait l’église depuis avant mon arrivée. Le tribut pour s’investir au sein de l’équipe vidéo (et j’en connais un rayon sur le sujet) représente de nombreuses nuits sans sommeil et beaucoup de deadlines intenables qu’on finit par tenir en sacrifiant un bout de sa santé mentale. Joni a également été impliqué dans l’équipe de louange et dans le ministère de la jeunesse — un gars bourré de talent et corvéable.
Comment a-t-il pris l’annonce de son éviction ? J’ai été étonnée d’apprendre que cette annonce n’a jamais eu lieu. Joni travaillait sur les vidéos de l’église à temps partiel, en tant que freelance, à un tarif journalier trois fois inférieur à celui du marché. Comme pour le cas d’Enoch, rien ne forçait donc l’église à se soumettre à des formalités quelconques pour mettre fin à leur collaboration ; rien, à part les principes de bienséance rudimentaire. Joni n’a pas assisté à la réunion du staff dans laquelle a été communiquée la décision de se séparer des prestataires du département créatif. Bien qu’il soit directement concerné, ni Brendan White, ni la RH, ni aucun membre du Conseil d’Administration, n’a jugé nécessaire de lui en parler.
« C’est Myriam (elle aussi limogée, ndlr) qui m’a appelée pour m’alerter sur le fait que l’église se séparait des freelances de la Créative, mais on ne m’a rien dit du tout », m’a expliqué calmement Joni. J’étais un peu interloquée. L’église l’a donc juste “ghosté”, comme si on était sur une appli de rencontre ? « Avec l’arrivée des vacances de Noël, j’ai tendu une perche à l’organisation en demandant qui allait m’envoyer les infos pour travailler sur les services en ligne, mais elle n’a pas été saisie, continue-t-il, on ne m’a rien dit du tout et on ne m’a jamais rappelé pour revenir travailler. »
Joni n’éprouve aucune amertume vis à vis de ce camouflet. Il admet d’ailleurs ne plus avoir fait l’effort de venir à l’église, ni de s’impliquer dans la vie de l’église depuis des mois. Nous ne connaissons pas les raisons pour lesquelles le top leadership n’a pas pris la peine de rompre leur collaboration avec un minimum d’élégance. Joni ne souhaite pas faire de vague. Après tout, il aime toujours Brendan White, il aime toujours l’église. C’est aussi mon cas, mais j’ai choisi d’illustrer avec cette situation le problème de culture au sein de l’organisation. Je trouve, personnellement, que c’est une étrange manière de (non)conclure une relation de longue date, pour une église qui prétend avoir la culture de l’honneur.
En conclusion
À Hillsong France : rien de nouveau. “Insanity is doing the same thing over and over and expecting different results. — Albert Einstein” dit-on dans le monde de la science. Quel est l’équivalent évangélique ? Je propose : « Celui qui se souvient de la correction prend le chemin de la vie, Mais celui qui oublie la réprimande s'égare » (Proverbes 10:17). Qu’en pensez-vous ? Combien de temps l’église peut-elle tenir ? Dans quelle mesure sommes-nous tous les complices de cette énorme mascarade ?
Excelsior,
Tiavina Kleber
Désolant ! 2024, il continue encore !
En fait le gars c'est le Vladimir Poutine de Paris.
Il offre du son, du café et de la lumière, la marque Hillsong à son peuple et pour le reste il fait ce qu'il veut.
En plus de ne pouvoir voter qu'avec les pieds, il faut assister avec révérence à ses sermons profonds, endurer ses crises mais surtout ne pas discuter ses choix, ne pas se plaindre et ne pas encourager des églises "rivales", sinon c'est la porte.
C'est le deal.
Pour maintenir ses salaires confortables et sa mainmise totale sur Hillsong Paris, il est prêt à liquider ses "amitiés" et les personnes qui ont tant donné pour Hillsong Paris. Son entourage, simplement des pions pour sa réussite personnelle. Il leur fait comprendre que c'est SON église, qu'en plus de n'avoir aucun pouvoir sur ses décisions, il fait aussi ce qu'il veut d'eux.
Quel gâchis.
Tout ce temps, cet énergie, cet argent sacrifiés pour un projet que l'on croyait commun.
Des "pot de départ ou autre moment de célébration pour honorer leur travail."
Mais quelle propagande ! J'en profiterais pour prendre le micro et dire la vérité... Un baroud d'honneur.
Derrière le strass et les paillettes, comme le soulignent les gifs, ce sont de véritables épisodes de Games Of Thrones ou House of Cards qui se jouent en coulisses. Quelle fébrilité, c'est d'une tristesse quand je lis tout ça...
(Je commente, ça libère ma frustration..)
Les choses ne vont donc pas changer, garder ses pieds là bas, c'est, d'une certaine manière, être complice et cautionner tout ça en toute connaissance de cause.
Ils attendent peut-être une nouvelle grande église solide et cool dans Paris intra-muros, ils ne se voient pas tout reconstruire de zéro.
Espérons qu'elle viendra, avec un fonctionnement plus sain et qu'elle aspirera les derniers grands bénévoles d'Hillsong Paris, de la même façon que cette dernière avait aspiré la jeunesse des églises parisiennes et de banlieues à son arrivée.
Il pourra alors libérer Paris de sa main de fer, et retourner voir son père Gary Clarke à Londres, ou retourner au siège des franchiseurs en Australie, ou devenir consultant en leadership pour les entreprises, ou rejoindre le gouvernement de Vladimir Poutine.