Les images choquantes d’un pays gouverné par un leader “choisi par Dieu”
J'en ai fait des cauchemars cette nuit.
L’administration Trump utilise une stratégie médiatique ultra-agressive pour façonner l’opinion publique et imposer son image de leader incontesté. À travers des mises en scène, comme la récente vidéo de la secrétaire à la Sécurité intérieure devant des prisonniers, cette propagande cherche à transformer notre perception du pouvoir et de la justice. Comment fonctionne cette machine médiatique ? Quel impact a-t-elle sur notre empathie et notre vision du monde ?
Quand un gouvernement utilise la religion pour justifier son pouvoir absolu, jusqu’où peut-il aller ? L’administration Trump ne se contente plus de gouverner : elle construit un empire médiatique où il est présenté comme un roi, le seul homme capable de sauver la nation.
Mais ce que nous voyons aujourd’hui n’est que le début. Une nouvelle stratégie est en place, et elle change radicalement la manière dont l’information est diffusée et perçue.
Une mise en scène glaçante
Une femme, debout devant des prisonniers derrière une grille. Le regard dur, la posture assurée. La scène se déroule dans la méga-prison du Salvador, tristement célèbre pour ses conditions inhumaines. Cette femme, c’est Kristi Noem, secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis sous l’administration Trump.
Elle ne parle pas des vies brisées par la pauvreté, ni du désespoir qui pousse tant de jeunes vers les gangs. Ce qu’elle vend ici, c’est une image : celle d’un gouvernement fort, impitoyable, un gouvernement qui "protège les siens".
Mais cette scène n’est pas un cas isolé. L’administration Trump multiplie ce type de mises en scène, où l’humiliation des autres devient un argument politique. L’un des exemples les plus troublants reste la vidéo ASMR postée par la Maison-Blanche : un enregistrement du bruit des chaînes des migrants expulsés, filmé à l’aéroport pendant leur déportation. Loin de dénoncer cette violence, la vidéo transforme leur souffrance en un contenu à sensation, destiné à "marquer les esprits".
C’est une stratégie assumée. Comme l’explique un conseiller de Trump dans The Washington Post :
"Nous pensions qu’il était nécessaire de riposter de la manière la plus dure possible. Et grâce à cela, nous avons eu un succès viral."
Tout est là : l’objectif n’est pas d’informer, mais de frapper, choquer, saturer l’espace médiatique avec une imagerie de domination et de punition.
Les ressorts d’un récit déshumanisant
bell hooks a longuement analysé ce type de mécanisme dans Le féminisme est pour tout le monde. Pour elle, le langage et les images ont un rôle central dans la perpétuation des systèmes d’oppression. Quand un gouvernement réduit des êtres humains à des symboles – criminels, ennemis, menaces –, il facilite leur déshumanisation et justifie leur souffrance.
Toni Morrison va encore plus loin dans Playing in the Dark : elle montre comment la construction d’un récit national repose souvent sur l’exclusion et la domination d’un "Autre". Ici, les migrants, les prisonniers, les opposants politiques deviennent les figures sacrificielles qui renforcent l’image du leader "sauveur".
Michel Foucault l’aurait décrit comme une parfaite illustration du pouvoir disciplinaire. Dans Surveiller et punir, il explique comment le pouvoir moderne ne se contente pas de punir, mais met en scène la punition pour en faire un spectacle. Autrefois, c’étaient les exécutions publiques ; aujourd’hui, ce sont les vidéos de déportation et les mises en scène de répression. L’État montre sa force pour mieux asseoir son autorité.
Résultat ? Petit à petit, nous nous habituons à voir l’humiliation et la souffrance d’autrui comme un simple spectacle. Nous ne nous indignons plus. Pire encore, nous en venons à croire que ces traitements sont justifiés, voire mérités.
💔 L’impact spirituel : un cœur qui s’endurcit
Jésus nous met en garde contre ce phénomène :
"À cause du mal qui se répandra, l’amour d’un grand nombre de personnes se refroidira." (Matthieu 24,12)
Si nous ne faisons pas attention, cette avalanche d’images violentes finit par nous conditionner. Nous nous éloignons peu à peu des valeurs de justice et de compassion pour entrer dans une logique de vengeance et de domination.
Mais le Christ n’a jamais glorifié la force brutale. Il s’est toujours placé du côté des exclus, des prisonniers, des marginalisés. Il nous rappelle que notre réaction face à la souffrance des autres révèle ce qui est réellement en nous :
"J’étais en prison, et vous êtes venus me voir." (Matthieu 25,36)
L’administration Trump veut nous faire croire que certains humains valent moins que d’autres. Que la force prime sur la justice. Que l’humiliation est un outil de gouvernance.
À nous de choisir si nous acceptons ce récit ou si nous restons fidèles à l’Évangile.
Comment résister à cette manipulation ?
1. Développer une hygiène médiatique
Avant de partager ou d’interagir avec une image ou une vidéo, pose-toi ces questions:
Qui l’a produite ?
Pourquoi est-elle diffusée maintenant ?
Quel effet cherche-t-elle à produire sur moi ?
Ne pas consommer passivement ces contenus, c’est déjà une forme de résistance.
2. Cultiver une empathie radicale
Quand tu vois une image de prisonniers, ne les regarde pas comme des statistiques ou des symboles. Demande-toi :
"Et si c’était mon frère ? Mon ami ? Moi ?"
bell hooks appelle cela la pratique de l’amour comme résistance. Refuser d’adopter un regard déshumanisant est un acte profondément politique et spirituel.
3. Soutenir une information indépendante
L’administration Trump veut remplacer le journalisme traditionnel par une machine de propagande. En t’abonnant à des sources d’information engagées et indépendantes, tu contribues à une résistance intellectuelle et spirituelle.
4. S’engager concrètement
Si ces images te révoltent, transforme cette émotion en action :
Soutiens les associations qui viennent en aide aux migrants et aux détenus.
Parle de ces enjeux autour de toi, casse le discours dominant.
Engage-toi pour une justice qui répare au lieu de punir sans discernement.
"Le Seigneur m'a envoyé annoncer aux prisonniers la libération." (Luc 4,18)
Le combat se joue ici, dans notre manière de voir le monde, d’aimer malgré tout, de ne pas nous laisser endormir par la propagande de la peur.
Excelsior,
Tiavina Kleber